samedi 13 septembre 2014

Méditations de François Veyret-Passini du 12ème au 21ème jour de sa grève de la faim

12ème jour :

« 12ème station. Jésus meurt sur la Croix. Sur sa croix, avant de mourir Jésus dit: « j'ai soif ». Plainte ? Supplication ?... sortie d'un visage tuméfié, d'une bouche où la langue colle au palais. Expression d'abord d'une réalité : la soif insupportable d'un homme qui n'a pas dormi depuis plus de 30 heures, qui n'a pas bu depuis plus de 15 heures, qui a subi d'indicibles tortures en perdant beaucoup de sang. Cette souffrance avouée, Jésus ne va pas seulement la subir, elle lui est encore un moyen d'aimer son Père et nos âmes par l'accomplissement de sa mission. A son appel: « j'ai soif' » répond une nouvelle torture : un soldat lui présente du vinaigre. Et ainsi s'accomplissent les prophéties. « Tout est consommé » dira-t-il peu après. Loin de fuir le combat quand il se présente sous quelque forme que ce soit, donnez-moi, Seigneur, lucidité et courage pour ne pas subir mais offrir. »


13ème jour :

« 13ème station. Jésus est descendu de la Croix et remis à sa mère. Ce corps mort est décroché aussi respectueusement que possible par des hommes dont ce n'est pas l'office habituellement mais que l'amour de leur maître a rendu audacieux et entreprenant. Ils l'offrent à sa mère. Elle contemple son fils unique, torturé, mort. Il ne souffre plus mais elle est submergée de douleur. Première humanité de surcroît pour continuer, souffrir en elle ce qui manque à la Passion de son fils. Mission de corédempteur à laquelle l'apôtre nous invite. Elle touche ce côté transpercé par la lance dont le bruit du coup et du déchirement résonne encore à ses oreilles. La tendresse, l'amour naturel ne suffit pas à consoler ce cœur de mère et tous les cœurs éprouvés. Il faut s'élever au niveau de la rédemption, considérer la cause première de tout mal : le péché. Pleurer, expier et relever l'honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ sur soi même, autour de soi, publiquement. Voilà la seule consolation possible. »


14ème jour :

« 14ème station. Jésus est mis au tombeau. « Dans le trou tout est fini », disent les matérialistes. La Vierge Marie, quelques femmes pieuses, Saint Jean, Joseph et Nicodème déposent Jésus dans le tombeau. Tous sont dans la tristesse et la douleur et revivent intérieurement toutes les étapes de cette Passion. Ils rendent au mort les honneurs qu'ils lui doivent tant par tradition que par l'amour qui les lie au maître : reconnaissance personnelle, piété filiale, amour naturel. Fin tragique, disparition incompréhensible, perte irréparable. Jésus s'est soumis à la loi commune à tous les hommes parce que « si le grain ne meurt il ne porte pas de fruit' ». Une seule garde la Foi : Marie. Aujourd'hui c'est l’Église, corps mystique du Christ, qui revit la Passion de son chef. Toutes les autorités civiles et religieuses soit participent à la mise à mort, soit y acquiescent par dépit, par paresse ou par peur, trahissant leur perte de la Foi. Aujourd'hui 8 septembre à Ajaccio, cette perte de Foi prend la forme de l'incohérence. L’évêque de Corse consacre son diocèse à Marie quand, en même temps, Jésus son fils est insulté dans une exposition publique au musée de la ville sans réaction significative de sa part. Que Marie nous garde dans les vraies Foi, Espérance et Charité.

Piss Christ Fora ! »


15ème jour :

« 1ère station. Jésus est condamné à mort. A chaque chemin de Croix qui recommence, la sentence tombe : la mort. Pour chacun de nous, pour chaque vie humaine, pour chaque minute de chaque vie toujours Jésus s'offre à nous racheter, toujours Jésus est condamné à mort. C'est la permanence du sacrifice réactualisé à la messe. C'est l'amour incessant de Dieu pour sa créature qui ne le lui rend pas, peu ou mal. C'est la lutte entre le monde et Dieu sur cette terre. Au monde la condamnation mais à Dieu la victoire. Inutile de croire et vouloir échapper à ce combat. Changer les règles civiles ou religieuses ne nous l'épargnera pas. Toujours il nous faudra lutter contre la paresse, la faiblesse, la peur qui ouvrent la voie à l'orgueil, la haine, l'envie. Pilate, pourtant persuadé de son innocence, condamne Jésus par faiblesse, par peur, par carriérisme. Il laisse libre cours à la haine des Juifs. « Il le leur livra pour être crucifié ». Dieu nous garde de toute faiblesse volontaire. Sa miséricorde nous est assurée tant que nous sommes vivants, au combat.

Piss Christ Fora ! »


16ème jour :

« 2ème station. Jésus est chargé de sa Croix. La voilà enfin cette croix, comble de malédiction pour les Juifs, comble de l'amour pour vous, Jésus. Vous êtes né pour cette heure, cette Croix. Elle symbolise et résume tout votre enseignement, tout votre amour. Folie pour les païens, scandale pour les Juifs, seul, vous faites de cet objet d'infamie le symbole de la gloire. C'est une croix qui ornera désormais le front des rois et la poitrine du soldat valeureux, le sommet des montagnes et des palais. Considérant la fin, vous l'embrassez et pourtant vous savez quel instrument de supplice atroce elle est... Pas une pièce de bois qui ne vous soit passée dans les mains dans l'atelier de Nazareth qui ne vous ait rappelé cette heure, cette Passion dont vous suppliiez il y a quelques heures qu'elle s'éloignât de vous. Mais l'amour l'emporte, vous vous chargez avec joie. Faites, Jésus, que considérant la fin je ne me lasse pas de ma croix : santé, épreuves, devoir d'état quotidien fastidieux, combat perdu à vue humaine, solitude. Donnez-moi de l'embrasser chaque matin avec enthousiasme. »


17ème jour :

« 3ème station. Jésus tombe et se relève pour la première fois. Outre le poids de la Croix, c'est une effroyable solitude qui accable Jésus. « Il n'y a pas de fumée sans feu ». S'il est condamné, condamné à la croix, c'est qu'il est coupable. La masse hurle à la mort avec d'autant plus de fougue qu'elle avait cru qu'il serait leur nouveau chef. Ses amis, comme il le leur avait annoncé, se sont scandalisés et l'ont abandonné. Il est seul ; contre tous ; œuvrant pour le salut de tous. Elle est légère, la Croix, à celui qui se sait entouré, porté par l'affection, l'amitié et la confiance des siens dont le cercle s'élargit. C'est que l'on veut, l'on croit la victoire proche. Mais que celle-ci tarde ou semble plus difficile à obtenir et les défections commencent. Jésus tombe se relève. Il vise, il nous faut viser avec Lui la victoire totale au-delà des seules considérations humaines. Jésus accordez-moi de sur-naturaliser mes combats par une vertu persévérante jusqu'à la victoire. »


18ème jour :

« 4ème station. Jésus rencontre sa très sainte mère. Dans le tumulte de cette première chute, un mouvement spontané amène la Vierge Marie face à Jésus. A un autre il sera donné de porter sa croix ; à une autre d'essuyer son visage. A elle, à eux, mère et fils, un regard. A lui, le fils aimant, la vision et le regard d'une mère bouleversée de douleur. A elle sa mère, la vision et le regard d'un fils unique, adoré, réduit à l'infamie. Regard d'amour bien sûr. Pourrait-il en être autrement à l'heure de la Rédemption ? Mais d'amour viril, bannissant toute sensiblerie. Il y a 33 ans, l'ange avait dit: « Il sera appelé le fils du très haut et rétablira le trône de David son père ». Et elle avait dit « oui », « fiat ». Aujourd'hui les hommes le disent et le traitent en « pécheur, blasphémateur, séditieux, perdu de mœurs » et, au regard de son fils, elle dit « oui », « fiat ». Elle réalise en elle le plan d'amour de Dieu pour les âmes en renonçant à sa sensibilité de mère pour accomplir sa mission de Corédemptrice. A nous aussi, Jésus adresse le même regard : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce ». Notre-Dame du Fiat, fortifiez moi dans ma vocation.

Piss Christ Fora ! »


19ème jour :

« 5ème station. Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa Croix. Au milieu de cette foule hurlante et exaltée, c'est ce Simon qui « passait, revenant des champs » qui est requis par les soldats. Le chemin du Ciel passe nécessairement par la Croix. Celui de Simon passe par la Croix de Jésus lui-même. C'est lui que Jésus veut associer à sa Passion de manière privilégiée. Quel honneur ! Et pourquoi lui ? Parce que précisément, tout à son devoir d'état, il passe au milieu du monde sans se laisser séduire par son rythme, son bruit, l'événement du moment. Il est dans le monde mais il n'est pas du monde. Son cœur reste toujours disponible à Dieu, à la vie, à la vraie vie. Dieu nous garde de céder au mouvement ambiant et nous accorde de vivre toujours dans la vérité. La récompense de Simon ? Être le « père d'Alexandre et Rufus », martyrs de Jésus-Christ. Oui, Dieu nous accorde de connaître et aimer cette Vérité étrangère au monde.

Piss Christ Fora ! »


20ème jour :


« 6ème station. Sainte Véronique essuie la face de Jésus. Au milieu de toute cette violence, cette haine, cet acharnement, Dieu permet qu'un geste de compassion, de douceur nous rappelle que nous sommes encore sur la terre des hommes, capables d'amour. Cela n'a pas été sans combat. Sainte Véronique, armée de son amour et de sa volonté, doit se frayer un chemin au milieu d'une foule haineuse. A-t-elle dû en entendre, des insultes, des injures ! Sa volonté triomphe. Elle accomplit l'office qu'elle s'est fixé : essuyer la face dégoûtante de Jésus couverte de sang, de sueur, de crachats. La tradition rapporte que Jésus laissa imprimée son image sur le linge. Pieuse relique, rappel du salut de l'humanité, du moyen de ce salut. Sainte Véronique, intercédez pour nous afin que nous ne nous laissions jamais aller au lâche respect humain et gardions toujours une capacité d'amour, de compassion, dans ce monde d'extrême violence.

Piss Christ Fora! »



21ème jour :

« 7ème station. Jésus tombe et se relève pour la deuxième fois. La première chute de Jésus avait suscité des gestes de pitié et de compassion comme une invitation à participer à l’œuvre de notre salut. Et malgré cela, Jésus tombe une nouvelle fois. C'est que le combat n'a pas pour but d'attirer la sympathie, l'adhésion, la participation mais de sauver les âmes. Jésus tombe une seconde fois et se relève seul. C'est dans son seul amour qu'il puise la force de se relever, de retourner au combat. Il nous entraîne et nous élève. Il peut se passer de nous. C'est une grâce et une preuve supplémentaire de son amour pour nous s'il nous permet de participer à l’œuvre de notre salut, du salut du plus grand nombre d'âmes. S'il est une barre horizontale à la Croix, rassembleuse de tous les hommes, il en est une verticale, supérieure, directrice qui rappelle l'ordre de l'Amour. Jésus, ne nous laissez pas succomber à la tentation du « pourvu qu'on s'aime », expression d'une charité dévoyée et stérile.

Piss Christ Fora ! »

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